À l’occasion d’une rencontre commerciale Chine-Afrique à Changsha, dans la province du Hunan, le 12 juin, les autorités chinoises ont fait part de leur intention de supprimer les droits de douane pour les produits importés de 53 des 54 pays du continent africain.
Seul l’Eswatini semble pour l’heure exclu du projet, du fait de sa reconnaissance de l’État de Taïwan.
Trente-trois pays africains bénéficiaient déjà d’une suppression des tarifs douaniers. Le délai d’entrée en vigueur de cet élargissement n’a pas encore été précisé. « Pékin ouvre grand ses portes aux exportations africaines »
La Chine est le premier partenaire commercial du continent depuis 2008, et les échanges bilatéraux ont atteint 295,56 milliards de dollars (255,63 milliards d’euros) en 2024, selon les données publiées par l’administration générale des douanes chinoises . De fait, la balance commerciale demeure largement excédentaire pour Pékin (62 milliards de dollars, soit 53 milliards d’euros), qui importe essentiellement des matières premières en provenance du continent (minerais, pétrole, gaz).
Pour Afrik.com, la promesse d’une ouverture au marché chinois vise avant tout à “corriger un déséquilibre commercial criant”. “Pékin espère rétablir une certaine stabilité et apaiser les critiques sur la nature déséquilibrée de son commerce avec l’Afrique.” Reste que certains observateurs restent sceptiques quant à la capacité des produits manufacturés africains à s’écouler sur le marché chinois.
Cette décision “survient au moment où le continent se prépare à une possible augmentation des tarifs douaniers appliqués à ses produits à destination des États-Unis”, l’administration Trump a annoncé en avril une hausse des taxes pouvant atteindre 50 % sur certains produits africains.
Celle-ci avait ensuite été mise en suspens jusqu’au mois de juillet, en attendant d’éventuelles négociations au cas par cas. En parallèle, Washington menace de renégocier – voire de supprimer purement et simplement – l’Agoa (African Growth and Opportunity Act), qui facilitait l’accès au marché américain à plusieurs pays africains.un “contraste croissant” entre le tournant protectionniste américain et l’approche chinoise. “Washington conditionne désormais ses avantages à des critères politiques ou sécuritaires, là où Pékin offre des exonérations douanières sans contreparties idéologiques. Ce positionnement séduit de nombreux États africains, de plus en plus critiques face à ce qu’ils perçoivent comme une diplomatie occidentale ‘à double standard’.”
Pékin mise sur une approche jugée plus pragmatique, qui attire de nombreux pays africains en quête de débouchés commerciaux et de financements non conditionnés. Financial Afrik rappelle par ailleurs que cette stratégie a été réaffirmée par le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, lors de sa tournée sur le continent, en janvier. Il a transmis un message personnel du président Xi Jinping, exprimant la volonté de bâtir un partenariat “stratégique, durable et solidaire”, fondé sur la coopération Sud-Sud.