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Les émissions de gaz à effet de serre restent à des niveaux records en 2024

Les émissions de gaz à effet de serre restent à des niveaux records en 2024

 

 

Selon les derniers indicateurs du climat mondial publiés par un consortium international d’une soixantaine de scientifiques dans la revue Earth System Science Data,

le budget carbone mondial permettant de limiter le réchauffement à 1,5 degré sera épuisé dans un peu plus de trois ans, si le rythme actuel des émissions se poursuit. Selon ces chercheurs, il n’est désormais plus possible de limiter le réchauffement planétaire sous ce seuil, puisque loin de ralentir, les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de progresser.

 

55 milliards de tonnes de CO₂

 

En 2023, les volumes rejetés ont atteint un niveau record de 55 milliards de tonnes de CO₂ équivalent, principalement en raison de la combustion d’énergies fossiles et de la déforestation. Les premières données 2024 confirment la poursuite de cette tendance. Paradoxalement, la réduction des émissions de dioxyde de soufre, mise en œuvre pour améliorer la qualité de l’air, a contribué à réduire l’effet refroidissant de ces particules soufrées, accentuant ainsi le réchauffement climatique.

En 2024, la température moyenne à la surface du globe s’est établie à un niveau jamais atteint, dépassant de 1,52 degré les

niveaux préindustriels de la fin du 19è siècle. Malgré tout, ce chiffre ne signifie pas que l’objectif de 1,5 degré, acté lors de l’Accord de Paris en 2015, est franchi. Pour le franchir officiellement, il faudrait qu’il soit dépassé en moyenne sur plusieurs décennies.

Les auteurs de cette publication ont calculé que sur l’année 2024, le réchauffement directement imputable aux activités humaines s’établit à 1,36 degré. Et sur la décennie 2015–2024, la hausse moyenne atteint 1,24 degré, avec un réchauffement d’origine anthropique en progression de 0,27 degré par décennie. Ce rythme ne laisse plus de doute sur la trajectoire que prend le réchauffement planétaire.

 

 la montée du niveau de la mer

 

Certes, l’année dernière a été marquée par un épisode El Nino, couplé à une baisse des alizés dans l’Atlantique, deux phénomènes qui ont eu pour effet d’amplifier temporairement la température. Mais ceux-ci ne masquent pas pour autant la tendance de fond à l’œuvre, comme l’explique Christophe Cassou, directeur de recherche CNRS au Laboratoire de Météorologie Dynamique : « La valeur de température globale de 2024 ne doit pas être considérée comme exceptionnelle, mais attendue considérant les quantités de CO2 accumulées dans l’atmosphère. Il y avait une chance sur deux d’atteindre ces valeurs en présence d’un événement El Nino et d’une baisse de vent dans l’Atlantique. »

 

 

Pour Sophie Szopa, directrice de recherche au CEA, « seule l’atteinte d’émissions nettes nulles de CO2 permettra de stabiliser la température mondiale et une partie des conséquences graves du réchauffement climatique. Cette mise à jour des indicateurs rappelle qu’il est plus que temps d’entamer l’inflexion des émissions mondiales vers leur baisse. Le méthane est un composé clé pour limiter le réchauffement à court terme ce qui aurait également des bénéfices sur la pollution de l’air et pourtant sa concentration a fortement augmenté ces dernières années. »

Un autre résultat inquiète, celui de la montée du niveau de la mer, qui a progressé de 26 mm entre 2019 et 2024, soit un rythme bien supérieur à la moyenne du 20è siècle qui s’établit à 1,8 mm par an. Karina von Schuckmann, scientifique chez Mercator Ocean rappelle que « l’océan stocke environ 91 % de cet excès de chaleur dû aux émissions de gaz à effet de serre, ce qui entraîne un réchauffement des océans. Le réchauffement des eaux entraîne une élévation du niveau des mers et une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, et peut avoir des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins et les communautés qui en dépendent. »

En attendant le septième rapport d’évaluation du Giec, dont la publication est prévue dans environ cinq ans, les auteurs vont continuer à mettre à jour ces IGCC (Indicators of Global Climate Change), avec l’espoir que leur travail puisse éclairer et infléchir les décisions politiques, économiques et sociétales à venir. Car pour l’heure, le rythme de l’action climatique n’est pas suffisant pour enrayer la spirale du réchauffement de la surface du globe.

 

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